{harley} flaming soap !

Mes pieds nus avancent sur le carrelage froid de la Salle d'Eau de Ferry House. Ma canne cliquette devant moi, raclant les rainures des carreaux plutôt petits. Puis elle butte contre un rebord. Et en fait le tour jusqu'à ce que je trouve l'ouverture. Okay, première cabine de douche. Je me retourne sur moi-même et ma canne avance un peu avant de cogner contre quelque chose en émail ou en faïence. Le lavabo. Et à droite, la cuvette des toilettes. J'approche jusqu'à être à côté de la cuvette dont je rabats le couvercle. Sur ce même couvercle je pose mes affaires de rechange, ma serviette de bain et ce genre de choses. À part moi, il n'y a personne ici. Comment le sais-je ? Je l'aurais entendu. Pas de bruit d'eau qui coule. Pas de bruissement d'étoffe. Rien. Aucun son autre que ceux que je fais. Je suis seule ici, ce n'est pas plus mal vous me direz. Les autres doivent être… Quelque part. Ou bien en cours. Ou— Bref. Une fois mes affaires posées sur le couvercle fermé de la cuvette de toilette, j'ôte mon pantalon que je fais descendre en m'aidant de mes mains, avant de finir cette descente en marchant dessus. Le récupérant en me baissant, je le secoue un peu et je le pose sur le lavabo, pas très loin. Les distances commencent à rentrer dans mon esprit, mais je n'y suis pas encore très pro. Il va me falloir ma canne, une fois que je serais nue, pour rejoindre la cabine de douche. Ma chemise me quitte après que j'en aie défait les boutons, puis mon débardeur, et enfin mon soutien gorge et ma culotte. Nue, je récupère ma canne et ma serviette que j'avais posée sur le haut du toilette. Direction la cabine de douche. Le cliquetis de ma canne reprend, quelques pas et j'arrive contre le rebord de la douche. Je pose ma serviette contre ce bord là, puis j'ouvre la porte de la cabine, et j'y pénètre avec ma canne. Avec elle, j'inspecte les bords de la cabine, histoire de "voir" où je suis située plus précisément. Je referme la porte, le clac m'informe que les deux aimants se sont retrouvés et tiennent maintenant la porte de la cabine fermée. Ma main droite, celle qui ne tient pas la canne, court le long de la paroi, jusqu'à ce que le tuyau de douche soit en contact avec la peau nue de mon bras. Hm. C'est ici. Je suis donc de profil par rapport à la douche en elle même. Je coince ma canne sous les robinets de la douche avant de chercher la savonnette qui doit bien être quelque part… Petit petit, viens voir maman.
Là. Ma main droite s'empare de la savonnette tandis que la gauche cherche à tâtons le robinet qui ouvrira l'eau. Il y en a deux, celui de l'eau chaude et celui de l'eau froide. Comme je n'arrive jamais à me souvenir lequel est celui qui me donne de l'eau chaude, j'en ouvre un, m'écarte du jet d'eau et j'attends. Et quand l'eau devient bouillante, j'ouvre l'autre robinet. Je me débrouille plutôt bien, il faut me reconnaître ça quand même. Après deux ou trois fois à m'être ébouillantée, j'ai fini par comprendre le principe. Autant dire que je l'ai compris plutôt vite. Et une fois que l'eau est à une température correcte, je passe en dessous et je frissonne au martèlement de l'eau tiède sur la peau de mon dos. Je m'étire, laisse tomber ma tête en avant, et puis je finis par passer la savonnette sur mon corps, histoire de me laver. Seul problème, l'eau et le savon, ça fait glisser, et bientôt la savonnette m'échappe des mains. Je m'accroupis immédiatement et je me mets à chercher partout où elle pourrait être. C'est là où ça serait bien que quelqu'un soit dans le coin, histoire de me dire "tu chauffes, tu refroidis, un peu plus à droite" ou ce genre de choses… Me redressant, je décide de la chercher avec ma canne et alors que je vais pour récupérer ma canne, mon pied se pose sur quelque chose de poisseux, de mouillé et de franchement glissant. Résultat, je n'ai même pas le temps de jurer que je me retrouve les quatre fers en l'air, l'eau me battant sur le flanc gauche et une maudite savonnette se baladant dans un coin de la cabine de douche qui me semble soudainement immense maintenant que je n'ai pas ma canne à la main pour réduire les distances. Une douleur aiguë me fait bientôt prendre conscience que j'ai réussi à me tordre la cheville droite et je n'arrive même pas à tendre le bras assez haut et à viser juste pour fermer les robinets. En espérant que ma voix assez grave porte loin dans Ferry House, j'appelle à l'aide :

« GUYYYYYYYS ! ANYONE TO HELP ME, PLEASE ?! »

Je m'époumone ainsi pendant plusieurs minutes avant que, à travers le bruit incessant de l'eau qui frappe le carrelage, je puisse entendre le bruit de la porte de la Salle d'Eau qui s'ouvre. Ne sachant absolument pas qui vient à ma rescousse, et m'en fichant par comme d'une guigne, je me signale :

« I'm in here, could you come and help, please ? »

Bon, oui, je suis nue, mais vu la proportion de filles -et la proportion de garçons homosexuels- à Ferry House, je doute que ça ne me porte préjudice. Pour le moment de toute façon, ce qui m'intéresse le plus, c'est de couper l'eau -on ne va pas non plus enlever toute l'eau aux dauphins, oh- de retrouver la savonnette assassine et de sortir de cette cabine de douche, même si je ne suis pas entièrement propre. À la rigueur, je verrais si je peux demander à la personne qui joue ici le rôle de sauveteur de bien vouloir m'aider à me laver jusqu'à la fin… Ou juste de rester pour être sûr que je ne tombe pas une nouvelle fois dans cette maudite cabine.

Le soleil tapait tellement fort sur ses épaules dénudées qu’elle aurait aisément pu suivre l’avancée du coup de soleil qui s’y développait. Mais ce n’était pas ce qui l’intéressait dans l’immédiat. Non, ce qu’elle voulait à l’instant même, c’était rattraper cet idiot d’Elliott qui courait quelques mètres devant elle. Elle avançait d’une foulée légère et d’un pas régulier, mais tentait tant bien que mal de réguler sa respiration, alors que l’air commençait à lui manquer. Quelle idiote elle avait été d’accepter le défi qu’il lui avait lancé, alors qu’elle savait pertinemment qu’il gagnait à chaque fois. Des sifflements et des cris lui parvenaient des gradins, où quelques personnes avaient lancé des paris. Elle se demanda si quelqu’un avait pu avoir la naïveté de parier sur sa victoire. Quelle idiote. Elle accéléra le pas, appréciant le vent qui venait caresser son visage et ses jambes, moulées dans un mini short de sport. Sa poitrine, délestée de tout soutien-gorge, tressautait sous son t-shirt, et elle en vint à remercier ses parents de lui avoir offert un corps si peu dépourvu de formes. La ligne d’arrivée se profila soudain devant elle, et Harley alla puiser les dernières forces qu’elle possédait pour l’atteindre avant Elliott. Mais ce ne serait pas suffisant. Elle l’avait presque rejoint, presque dépassé. Mais les jambes plus longues du garçon lui permirent d’arriver le premier, sans effort. Harley s’écroula au sol, toussant, s’arrachant les poumons, à la recherche de l’air salvateur. Promis, demain, elle arrêterait de fumer. Elliott vint se poster au dessus d’elle, et lui tendit une main pour l’aider à se relever.

ELLIOTT -  « oh come on, get up ! the idea of killing you is not my cup of tea ; next time, just say no. »
HARLEY -  « yeah right, to give you another reason to show off, thanks but no thanks. come on, leave me, i'm gonna take a shower.»
ELLIOTT -  « come on, harley-love, let me walk you there. »
HARLEY -  « in an other life, maybe. »

Riant toute seule de la conversation qui venait d’avoir lieu, Harley se dirigea d’un pas allègre vers le campus. Elliott, comme de nombreux autres, croyaient encore qu’il pouvait la changer. Il ne souhaitait pas la faire entrer dans la normalité, simplement dans son lit. Cette idée amusait beaucoup Harley, qui aurait pu jouer avec le jeune homme, comme elle l’avait déjà fait avec un autre, mais elle l’appréciait, et jouer avec les gens n’avait jamais été une des choses qu’elle préférait faire.

Arrivée sur le campus, Harley rejoignit la Ferry House, où se situait sa chambre. Elle y récupéra son nécessaire de toilette et des affaires propres, et rejoignit la salle d’eau. A son grand étonnement, elle ne croisa personne. Puis elle se rappela qu’un match amical se déroulait aujourd’hui entre Poughkeepsie et une autre école de la région. Ils devaient probablement être en train d’y assister. L’image de pom-pom girls en train de s’agiter dans tous les sens, dans une tenue des plus indécentes, lui traversa l’esprit, et la fit presque retourner sur ses pas. Mais son corps poisseux et endolori la fit capituler, et c’est toute guillerette qu’elle rejoignit les douches. Il n’y aurait personne. Le fait était si rare qu’Harley en souriait de bonheur. Elle pourrait prendre une douche tranquille. ENFIN !
Quelqu’un semblait pourtant décider à faire capoter ses plans.

VOIX INCONNUE SUPER SEXY5 - « i'm in here, could you come and help, please ? »

Le cri l’avait fait sursauté, et sa trousse de toilette était venue s’écraser par terre. Ce qu’elle pouvait être maladroite parfois ! Harley avança alors, un pas après l’autre, tenant sa brosse à cheveux comme une arme offensive. Qui sait sur qui elle pourrait tomber ? Harley avait beau être une féministe plus intéressée par les traités de Simone Veil que par les histoires de princes charmants, la jeune fille connaissait ses classiques, et le Petit Chaperon Rouge n’avait plus de secrets pour elle. En l’occurrence, ici, n’importe qui pouvait se passer pour une pauvre jeune fille en détresse, tout comme le loup se fit passer pour la mère-grand, pour mieux la manger. Ou abuser d’elle, au choix. On ne vit pas chez les Bisounours non plus ! Harley arriva bien vite devant une porte close, qu’elle poussa du bout de doigt. Le spectacle qui s’offrit à elle aurait pu être comique si il n’en était pas aussi pathétique. Une jeune fille se trouvait allongée sur le sol, complètement nue, tentant d’échapper au jet d’eau du pommeau de douche. Harley mit un moment à reconnaitre Bonnie McCarthy en la personne qui lui faisait face. Sans plus réfléchir, elle se précipita dans la cabine pour fermer les robinets, et empoigna la jeune brune par la taille pour l’aider à se relever. Harley connaissait Bonnie de vue, sans mauvais jeu de mots. Celle-ci était en effet une de ses voisines, et une voisine bien particulière. Lorsqu’elle se fut remise sur ses pieds, Harley l’enroula dans une serviette de bain, ne pouvant s’empêcher de lui parler pour la rassurer.

HARLEY -  « don't worry, bonnie, i'm here, i'm gonna help you. did you hurt yourself ? did you hit your head ? do you want me to call the nurse ? where's your cane ? ah, there it is, here, there, you can feel it. okay, great, and er… you sure you alright ? d'you want something special ?
 »

Harley se tut enfin, essoufflée d’avoir tant parlé. Elle cherchait une sorte d’approbation dans le regard mort de Bonnie, mais ne vit que le néant. Elle se recula alors, afin de lui laisser un peu d’air pour respirer, et parce qu’elle venait de se rendre compte de la situation. Elle, Harley Pillsbury, icône gay de Poughkeepsie, se trouvait en face d’une Bonnie quasiment dans le plus simple appareil. Et bien qu’aveugle, il n’était pas dit que la jeune brune apprécie particulièrement ce moment-là.

tada t'as plus le droit de me renier maintenant pour la dernière phrase du dialogue, j'éditerais quand tu m'auras donné la trad, parce qu'il faut encore que je finisse mon bilan donc voilà hein xD j'espère que ça te plaire