On se connaît ? - Thaddius.

C'est une vie bien à part, la vie d'étudiant. Ce sont des moments spéciaux, ces soirées endiablées presque toutes les nuits, où l'on festoie jusqu'à l'aube. Ce sont aussi des moments spéciaux, les réveils tardifs, la migraine, et tout ce qui suit. Il était à peine midi. Déjà midi. Cheyenne sortait peu à peu de sa léthargie, revivant au rythme de ses pas la nuit passée. Chaque pied posé sur le sol lui donnait un nouvel indice. Ah, ce bleu, c'était quand elle était tombée à genoux en montant l'escalier de la résidence. Cette tâche sur sa jupe provenait sûrement d'une quelconque boisson alcoolisée. Et ces maux de ventre... De l'abus de ladite boisson alcoolisée. Oui, les lendemains de fête, mieux vaut ne pas avoir trop de choses prévues.

Cheyenne rôda un instant dans le couloir, ne prenant même pas la peine de s'habiller convenablement : simple tee-shirt et short trop large feraient parfaitement l'affaire. Elle croisa tout et n'importe quoi, des élèves, des inconnus, tous somnolants encore.
Le son d'une guitare se fit entendre à l'extérieur. Cheyenne s'approcha d'une fenêtre dans le corridor, et repéra quelqu'un, qui, comme elle s'en doutait, jouait dans le parc. C'était fréquent ici. Parfois, les musiciens étaient accompagnés de chanteurs, et offraient à toutes les résidences un concert improvisé. La jolie rousse, elle, ne jouait d'aucun instrument ; elle y avait songé à maintes reprises pourtant, mais jamais n'avait réellement osé se lancer. Des amis lui avaient appris quelques petites choses à la guitare, mais il faut dire les choses comme elles sont : elle n'était pas plus douée que cela, préférant de loin la danse, domaine qu'elle maîtrisait, par contre, à merveille. Cheyenne s'était arrêtée pour observer le spectacle que lui offrait l'extérieur. Elle observa tout, étudia en détails ce qui était dans son champ de vision. Mis à part le guitariste du parc, l'université paraissait morte. Une bonne partie des étudiants de Vassar étaient sûrement encore enroulés dans leurs couvertures.

En rentrant dans sa chambre, Cheyenne eut un mouvement de recul, signifiant plus le dégoût que la peur. Ses vêtements, étendus sur le sol dans un désordre innommable, étaient tous extrêmement sales. Une seule solution, la laverie. Il ne devrait pas y avoir trop de monde à cette heure-ci, ce qui suffit à rassurer la jeune femme. Elle ne brûlait pas du désir de discuter de la pluie et du beau temps, ça non. Elle passa une main dans sa rousse chevelure en lâchant un soupir fatigué. Elle tenta de rassembler le peu de courage qu'il lui restait – et par la même occasion, ses vêtements – pour se rendre à la laverie. Lentement et lourdement, elle aggloméra les tissus dans un sac en toile. Le son de la guitare au loin orchestrait ses mouvements, donnait un rythme plus rapide à ses gestes. Réitérant son soupir, elle se décida à revêtir quelque chose de plus convenable avant de quitter la résidence. Elle attrapa le premier collant qui passait par là, la première jupe, et le premier débardeur, sans réellement chercher à ce que cela soit esthétique : heureusement. Collant rouge, jupe bariolée jaune et verte, débardeur couleur moutarde. Un savant mélange, donc.
Saisissant, agacée, le sac contenant ses vêtements, Cheyenne commença sa marche vers la laverie. Elle passa à côté du guitariste, à qui elle adressa un sourire, avant d'atteindre enfin le lieu objet de sa convoitise. Comme elle le pensait, l'endroit était vide. Elle était seule. Seule avec les lavabos... Quel romantisme.

(Elle commença à enfourner ses vêtements dans la machine/ou/Elle s'apprêtait à commencer le nettoyage de ses vêtements, et fit couler de l'eau du robinet dans l'évier, lorsque provint de la porte un grincement strident. Dans l'encadrement de la porte s'immisça u visage masculin, qui lui adressa un large sourire avant de progresser dans la pièce.

« Bonjour! »

lança Cheyenne qui ne mourrait pas d'envie de discuter. Cependant, elle se sentait presque apte à faire un effort – si tant est qu'il trouvait quoi lui dire. Après tout, il n'avait pas l'air trop désagréable. Sur ses lèvres se dessina un sourire adressé à son interlocuteur.

OH, les lendemains de fête... une dure épreuve, un assault de souvenirs, pas toujours agréables, qui viennent tous en même temps nous tapper le front, tels des coups de marteau d'une ampleur incroyable. Deux cachets, un grand vert d'eau, et on arrive enfin à se mettre debout, non sans mal. Thaddius, pourtant, n'était pas du genre à boire outre mesure... ou du moins, pas jusqu'à en vomir partout, non, c'était vraiment crade, sans respect et surtout, désagréable. Il n'en arrivait donc jamais, à cette étape écoeurante, et se stoppait quand il ne marchait plus bien droit... ou quand on stoppait ses dragues à grand coup de menace, point levé. "Oh, tu lâches ma copine, oui ?" Oui oui... stop la vodka.

Hier soir pourtant, il avait un peu poussé la dose en fin de soirée, mais le reste lui apparaissait comme de l'eau de roche : claire et limpide. Il se souvenait de la bonne ambiance, de la foule impressionante d'étudiants, de la frivolité de certaines filles, enfin collées à des mâles (enfin... façon de parler seulement, pour certains), et de la présence plutôt importante de gay hier soir. Pourtant, c'était une fille qui lui avait quelque peu tappé dans l'oeil, et c'était un fait de plus en plus rare. Rouquine et chaleureuse, il avait longuement papotté avec cette première année, une lovely girl réellement lovely (et ça n'était pas le cas de toutes...). Oh ! Mais j'oublie un détail ! Hier soir, Thaddius avait laissé place à... sa soeur ?! Sa cousine ?! Son double féminin ?! Son amie imaginaire ? Elle n'avait pas réellement de prénom, peut-être devrait-il, un de ces jours, se choisir un pseudonyme de travesti... ou pas.

C'était un délire qui le tenait depuis 3 ans maintenant, et qui lui avait permi de devenir celui qu'il était présentemment : ce hippy farfelu, conne sur le campus, élément apprécié des soirées légères (oui, non, au bal de fin d'année il évitait, quand même !). Ce petit jeu occasionnel était alors devenu habituel, et il avait réitéré ça dès son entrée à Vassar. La plupart devinaient parfaitement qu'elle était un gars, et en riaient. D'autres, bien plus rares, tombaient quelque peu dans le panneau, surtout après plusieurs verres. Lui, ça l'éclatait. Il préparait ces fêtes plus que tout autre, choisissant sa perruque du soir (parmi ses deux seuls exemplaires, soit dit en passant, le brun et le blond), et sortait toute sa trousse à maquillage, vernis à ongle compris. Tout ça pour quelques heures, une fête éphémère... mais de bons souvenirs, indélébiles, durables.

Ce matin, il passa de longues minutes dans la salle d'eau commune, enlevant les restes de mascara et de crayon khôl qui lui donnaient un air de panda. Il arracha ses faux cils et lava ses cheveux, leur redonnant leur vigueur (et leur propreté). Ce n'est qu'après cette étape détente qu'il se motiva à regarder son planning de tâches-a-faire-si-le-courage-t'en-dis, comprenant en première position... LA LESSIVE.
Thaddius, à lui même - Ffff... Vient un moment où on a plus vraiment le choix, il faut faire les choses qu'il faut faire, aussi désagréable soient-elles... Go Thaddy !
Il se mit à arpenter les couleurs, en jean, t-shirt délavé et pantouffles, avec sa corbeille de lingue sale et coloré aux bras. Tout était si calme dans les couloirs, qu'il entra dans la laverie en chantonnant. Il y fut accueillit par un "bonjour", et oh... il n'en crut pas ses yeux. La rouquine de la veille !

Thaddius - Hey, rebonjour ! Matinale ?!

Il pénétra dans la laverie et se choisit une machine à laver. Une unique machine le séparait de Cheyenne, il ne se la jouer jamais imposteur... sauf quand ça touchait à Dwayne, évidemment. Sa petite proie.
Thaddius remarqua à son visage qu'elle ne le remettait pas, et en sourit, mystérieusement. Tiens, c'était un autre jeu qui s'offrait à lui... Tout en restant silencieux, il entama de remplir la machine... remarquant au passage que ses ongles étaient restés rouges vif !

Cheyenne adressa un sourire à son interlocuteur, sans pourtant cesser de s'occuper de son linge. Elle vérifia ne rien avoir oublié, et appuya sur le bouton rouge, au dessus duquel trônait une superbe inscription « start ». Pas de doute : cette touche servait à démarrer la machine. Ah, la technologie...

« Hey, rebonjour ! Matinale ?! »

Cheyenne haussa un sourcil surpris, observant le grand brun s'installer. Elle étudia le moindre trait de son visage, tentant désespérément de le remettre, mais non. Manifestement, ils se connaissaient, et s'étaient croisés à la soirée de la nuit passée. La rouquine avait beau chercher dans les rares souvenirs qu'il lui restait de la soirée, elle ne parvenait à rien. Cela dit, l'état dans lequel elle se trouvait pendant une partie de la nuit n'était pas exactement propice à des souvenirs clairs et nets, voyez-vous. Ce n'était vraiment pas joli à voir. En réalité, elle aurait pu croiser n'importe qui ce matin-là, elle ne l'aurait peut être même pas identifié. Et ce type, elle était convaincue ne l'avoir jamais vu de sa vie.

« Matinale si on veut, il est quand même midi et demie! »

Avait-elle lancé non sans un petit rire embêté.
Tout en prononçant ces mots, elle nota que les ongles de l'homme mystère étaient vernis de rouge brique. Ce détail la fit légèrement froncer les sourcils de surprise. Pourtant, elle aurait dû être habituée à l'inusuel, c'était le type même des détails étranges que l'on trouvait ici. Elle décida d'ailleurs rapidement de faire l'impasse là-dessus. Pour l'instant, son problème était : qui est ce type ?
Cheyenne commençait presque à angoisser. Elle se demandait si elle lui avait dit quelque chose, ou pire, si ils avaient fait quelque chose.. La jeune femme hésita à poser la question de but en blanc, et laissa donc le silence s'installer pour le moment, réfléchissant à la situation. Son visage, crispé, reflétait bien l'état d'âme dans lequel elle se trouvait, même si elle tentait tant que possible de sourire. Cheyenne prit une longue inspiration, avant de prononcer à une vitesse spectaculaire :

« Mais excuse-moi, est-ce qu'on se connaît ? »

Quand elle le voulait, elle pouvait parler extrêmement rapidement, si bien que pour la comprendre, il aurait fallu ou avoir une ouïe très développée, ou avoir un entraînement incroyable. La plupart du temps, ce n'était pas le cas, et elle devait réitérer sa demande à plusieurs reprises parfois. Apparemment, l'étudiant qui lui faisait face ne faisait pas exception à la règle, puisqu'il fit une mine surprise. Elle reposa sa question, plus calme cette fois.

« Excuse-moi, est-ce qu'on se connaît ? »

Déclara-t-elle, séparant clairement la moindre syllabe. Elle n'aimait pas répéter. C'était aux autres d'être attentifs, tant pis si ils ne comprenaient pas, c'était ce qu'elle pensait. Avec un soupir, elle saisit une de ses longues mèches rousses qui envahissaient son visage, et commença à jouer avec. Finalement, elle n'avait peut-être pas tellement envie que ça de parler... Surtout que ce type paraissait bien s'amuser devant son ignorance. La situation le faisait rire – c'était aussi cela qui l'inquiétait – mais ce n'était pas le cas de Cheyenne. Excédée, elle le dévisagea encore une fois, cherchant obstinément à le reconnaître. Ce ne fut pas le cas. Toujours pas. Elle poussa encore un soupir excédé, tout en le fixant.

Je sais que t'es partiiie, mais j'l'avais entamé donc je termine et poste ça Very Happy

La jolie rousse ne semblait pas de très bonne humeur... avait-elle eu un réveil difficile, ou ne supportait-elle juste pas de rester dans l'ignorance ? Être reconnue sans reconnaître en échange... c'est vrai que ça pouvait en dérouter certains, les plus fiers surtout. Elle l'accueillit avec une petite remise en place, il était midi passé, l'informa-t-elle.
Thaddius - Ah oui, déjà ? C'est à ça qu'on juge le succès d'une fête... si tout le monde dort encore, c'est qu'ils se sont éclatés. Enfin, on ne dort plus mais on s'est bien marré quand même...

Ah, ah, ah ! Souhaitait-il la rendre chèvre ? Déjà qu'elle s'imaginait maintes et maintes choses en compagnie exclusive du jeune homme, voilà qu'il semait le doute dans sa petite tête. Petit sadique, petit joueur. Il ne s'était strictement rien passé entre eux, ils avaient bu quelqus verres, affalés sur un canapé, à rire et à parler, Thaddius jouant sa grande follasse, amusant la rousse, bavarde. Rapidement rejoint par d'autres personnes, ils n'étaient finalement pas restés seuls bien longtemps, mais le courant était bien passé pendant ce petit laps de temps. Rien de plus.
Il put remarquer que son esprit semblait embrouillé, qu'elle se torturait les méninges pour le remettre. Elle l'observait, elle réfléchissait... lui ne disait rien, il enfournait ses fringues dans la machine, de bonne humeur, en sifflant même. Elle attira à nouveau son attention en lançant une phrase-fusée qu'il ne parvint pas à saisir, puis recommença, plus calme. Oh, il lui mettait vraiment le stress, la pauvre. Faisait-elle partie de ces filles qui se soulent jusqu'à coucher avec n'importe-qui-n'importe-où ? mh... Se voir ronger par la culpabilité à chaque lendemain de fête devait être bien dur à vivre. Cela dit, Thaddius n'était pas non plus un saint, et les fêtes avec boum chica wawa étaient courantes. Les regrets, pas des masses. Il était jeune, voyons !

Elle répéta sa phrase, en veillant à bien articuler les syllabes :
Cheyenne - Excuse-moi, est-ce qu'on se connaît ?

Pour toute réponse, Thaddy émit un léger rire, avant de fermer le battant de la machine d'un coup sec. Il se tourna enfin vers elle.
Thaddius - Ouaip... Enfin, vite fait, quoi. Je sais que tu t'appelles Cheyenne... Enfin, si mes souvenirs sont corrects ?
Il se mit à douter de lui. En y réfléchissant, il ne savait pas non plus sous quel nom il s'était présenté la veille, mais ça n'était surement pas Thaddius, ça, il en était persuadé.
Thaddius - C'est un peu délicat, tu vois... Je peux rien te dire. Si tu devines, je ne nierais pas, mais voilà quoi... Mais on est pas pressé !
Non vraiment, pour tenter de séduire une fille attirante, il y a mieux que : Hey, hier soir on a parlé ensemble, j'étais la grande blonde qui ressemblait à un trans' ! Enfin, qui était, un trans.... Non ! Vraiment, vraiment pas ça ! C'était bien la première fois qu'il regrettait légèrement d'avoir été Elle la veille, et non pas lui.

« Ouaip... Enfin, vite fait, quoi. Je sais que tu t'appelles Cheyenne... Enfin, si mes souvenirs sont corrects ? »

« C'est un peu délicat, tu vois... Je peux rien te dire. Si tu devines, je ne nierais pas, mais voilà quoi... Mais on est pas pressé ! »

« C'est quoi ton nom? Ca aussi, c'est délicat? T'as une double-identité, comme Batman? Mieux! Tu te déguises. C'était toi le type déguisé en militaire? »

« Si c'est ça, je peux te dire que c'était nul. D'ailleurs, si c'était ça, je sais pas pourquoi je suis encore là à te parler. »

» Thaddius Wild & Way