JONQUILLE ♦ hastasiempre

« Encore une p'tite nouvelle à Vassar ! »



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« Bonjour ma cousiiineuuh, bonjour mon cousin germain, on m'a dit que vous m'aimiez, est-ce bien la vérité, je n'm'en soucie guèèreuu, marchand d'pommes de teeerreuuh, passez par ici et moi par là, au r'voiri ma cousine on s'reverra. » Sans comprendre un mot de ce qu'elle racontait, la petite fille chantonnait, un sourire aux lèvres, pendant qu'elle jouait avec un brin d'herbe verte. Elle avait quatre ans, et venait de déménager en Amérique, quittant ainsi son Angleterre natale, dont elle ne gardera que peu de souvenirs. Sa mère l'observait en souriant, tandis que son père finissait de monter les affaires à l'étage. Désormais, la petite famille habiterait un tout petit appartement au septième étage d'un immense immeuble en comptant une dizaine. Heureusement qu'il y avait un parc en bas de la rue, sinon Catherine aurait sûrement pleurer la jeunesse de sa fille, qu'elle rêvait verte et non grise.
Tirant sa petite fille par la main, l'élégante jeune femme la sortit du parc, et entra dans l'immeuble. Commença une longue montée, qui allait devenir leur quotidien.

Retrouvons la petite famille Davenport, cinq ans plus tard. La petite Aaliyah Jonquille a neuf ans, elle va à l'école depuis trois ans. Ses parents sont aimants; sa mère un peu trop possessive, du genre mère-poule, lui inculque les lois de la vie en société; son père travaille beaucoup mais lorsqu'il trouve du temps pour elle, il lui explique sa philosophie de la vie. Somme toute, nous dirons que les choses se passent bien. Mieux que dans la moitié des foyers environnants. A l'école, la petite fille ne s'en tire pas mal non plus. Elle a énormément de copines, bien que peu parmi elles se hissent dans son coeur au rang d'amies. Les garçons ne l'intéressent pas du tout. Elle vit dans sa bulle de politesse, de bienséance, de faux-semblant; sa bulle juvénile et rose, qui éclata bien trop tôt.
Elle a neuf ans, lorsque la guerre au Viet-nâm commence. Tous les hommes d'Amérique sont appelés au combat. Un à un, ils disparaissent de leurs maisons aimantes, accompagnés des larmes de leurs femmes et leurs enfants. Bientôt, c'est le tour de Mister Davenport. Il a réussit à y échapper quelques mois... c'est tout. La petite Jonquille suit attentivement les nouvelles rares et faussées qui arrivent des champs de batailles. Les rares lettres qui arrivent à destination sont un soulagement à chaque fois.

Jusqu'au Terrible Jour.
Le ciel gris se font avec la lumière pâle du soleil levant. Les buildings de l'Amérique s'illuminent peu à peu, deviennent éclairs de feu, chaque fenêtre réfléchissant à sa façon la lumière de l'astre du jour. Jonquille, que les premiers troublent de l'adolescence commencent à turlupiner du haut de ses quatorze ans, est déjà levée. Sans bruits, elle a enfilé l'une de ses robes à fleurs qu'elle seule ose porter en toute occasion. Elle a traversé l'appartement à pas de souris, et a dévalé les escaliers depuis le septième étage en riant aux éclats. Arrivée en bas, elle a attrapé le courrier et s'est réfugiée dans le parc, sur sa balançoire favorite. La rue est silencieuse, et les rares passants qui la traversent sont assommés de fatigue. Une à une, elle regarde les lettres sans les ouvrir. Ce ne sont que des documents ennuyeux faits pour les adultes ; et elle compte bien profiter de chaque minute qui lui reste avant d'en devenir une. Soudain, son élan se stoppe. Une des lettres porte le sceau de l'armée. Son coeur bat plus vite, et elle commence à ouvrir le document avec un sourire sur les lèvres. Elle est persuadée que c'est encore l'une des longues lettres que rédige son père à son intention et celle de sa mère. Son sourire s'estompe d'un coup lorsqu'elle s'aperçoit que l'écriture n'est pas manuscrite. C'est un document officiel. Sa vue se brouille.
« MAMAN ! MAMAAAAN ! Mamanmamanmamanmamanmamaaan. » La femme est réveillée par les larmes et les cris confus de sa fille, qui est à deux doigts de lui donner un coup de poing dans le ventre pour qu'elle ouvre les yeux. Effarée, elle regarde la demoiselle sans comprendre, mais cette dernière continue juste de pleurer. Encore et encore, sans réussir à dire autre chose que « maman ». Miss Davenport pose soudain ses yeux bleus et tendres sur une lettre que tient l'enfant. Son regards devient dur et gris comme l'acier qui s'étend de son coeur à tout son corps. Ni l'une ni l'autre n'a jamais lu la Lettre, mais chacune en a saisi le sens et la tournure fastueuse. Bla bla bla, les honneurs, bla bla bla, le combat, la fierté, bla bla bla...

Et pourtant, la vie devait continuer. Si les deux femmes restèrent cloitrées et enfermées dans leur douleur pendant quatre jour, à l'aube du cinquième, d'un même élan, elles recommencèrent à vivre. Jonquille avec plus d'assurance, de détermination. Sa mère avec ses principes religieux plus aboutis que jamais.

~

Jonquille sort de la salle d'examen, qui servait en l'occurence de salle de rendez-vous, un sourire aux lèvres. Personne n'était là pour en profiter, de ce rare sourire; personne n'était là pour l'analyser, et en déduire qu'il était de rigueur de la féliciter. Mais Jonquille souriait aux autres étudiants qui allaient y passer, elle souriait aux passants, aux conducteurs de voiture qui lui criait dessus parce qu'elle les empêchait d'avancer, elle souriait à la vie et au succès, de son sourire naïf et élégant. Elle était presque sûre d'être acceptée à Vassar. Certes, sa mère n'était pas là pour partager sa joie et la soutenir. Mais était-elle jamais là, vraiment ? Non, bien sur que non, puisqu'elle était perdue dans sa folle croyance. Elle passait son temps à prier Dieu. Jonquille fit un pas de danse en avant, un tour sur elle-même, gracieuse. Au milieu de la ville, sous les yeux des gens qui s'étonnait de ce minime écart de conduite. Où cette jeune fille en robe à fleurs se croyait-elle ? A l'opéra ? Non mais !

Et Jonquille dansait, jusqu'à chez elle elle dansa.

Jonquille est une fille simple. Un peu renfermée sur les bords, elle préfère avoir peu d'amis, mais des vrais, que de connaitre tout le monde superficiellement. Bien qu'on ne puisse devenir son ami en dix minutes, il n'est pas si difficile d'entrer dans son cœur. Parfois même, vous faites parti des personnes les plus chères à ses yeux sans en avoir conscience le moins du monde. Timide, la demoiselle n'abordera quasiment jamais une personne inconnue. Cela dit, s'il s'agit de demander son chemin, elle fonce sur le premier passant venu, donc les choses sont relatives. En présence de gens en qui elle a confiance, la demoiselle devient pour le moins joyeuse. Souvent prise pour une petite fille à sa maman - bref, emmerdante au possible - elle peut se révéler un objet d'attraction peu commun. Peut-être grâce à son sens de l'auto-dérision, parce qu'il faut avouer qu'elle fait souvent rire à ses dépends. Jonquille aime la solitude autant que la compagnie.
Les études sont une chose extrêmement importante à ses yeux. La clé pour réussir sa vie. Elle tient absolument, non pas à "être la meilleure" mais bien à faire au meilleur de ses capacités. Vous pourrez l'apercevoir de temps à autre, assise sur un banc, une feuille dans la main, à fixer l'horizon, ou un groupe de hippie pas loin... C'est sa manière de travailler.

Visage poupin. De forme ronde, un mignon petit menton, des fossettes, des joues roses sur une peau pâle de porcelaine. Poupée. Petite blonde au yeux bleu, incarne la gentillesse incarnée (non tu crois ? si elle l'incarne elle est incarnée ? vraiment ?!). Poupée russe. Discrétion assurée -ou pas-, grands yeux bleu hypnotiques, sourires, lèvres roses.
< Salut. Décris toi. >
« P'tite. C'est vrai ça, j'm'en rends plus vraiment compte, mais ça doit être l'une des raisons pour lesquelles j'ai toujours mal au cou. Pour te regarder, toi ou quelqu'un d'autre, faut que j'lève la tête. Impossible de regarder droit devant soi, comme si j'observais l'horizon, tu vois. Nan nan, moi c'est fixation sur les étoiles. Parce que je fais une tête de moins que la moyenne. C'est la vie hein. »
< Tu l'as dit, Bouffie. Mais encore? >
« J'ai pas l'habitude de parler d'moi... J'aime pas. Mais bon, on va dire : j'ai les yeux bleus, les cheveux chatains clairs, blonds selon la lumière. Je crois que j'suis mince, vu qu'on m'a déjà traitée d'anorexique. J'vais pas mentir hein : c'est pas naturel. J'fais gaffe à ce que je mange, tout le tralala. Maintenant que ma mère préfère me nourrir de foi et d'eau sainte, j'ai pas d'autre choix que de faire gaffe moi-même, et j'ai pris l'habitude. Cela dit, j'aimerais bien être un peu plus grosse et un peu plus forte. Je serais même pas capable de me défendre si on tentait d'me violer. C'la dit, y a pas beaucoup de chances que ça arrive à Vassar (ouais, y a tellement de nanas bien plus jolies qu'moi là-bas que j'm'en fais pas trop). Cela dit, j'ai des muscles hein. Mais pas ceux qui vous rendent forte. J'ai les muscles et la souplesse, acquise au fil de mes années de danse. C'est fou c'que c'est agréable, de découvrir un jour, après trois mois d'espérances, d'étirements et de souffrance, qu'on peut faire le grand écart. Moi il me manque deux centimètres. »
< Y a quoi dans ta valise ? >
« Beaucoup de robes. Ça peut paraitre démodé, mais j'adore ça. Des robes à froufrous, à fleurs, à volants, des robes toutes simples, des robes longues ou des robes courtes, des robes excentriques, beaucoup de robes excentriques. Une paire de tennis blanche, un jean tout simple, des T-shirts imprimés, un gros pull noir tout déformé. »
Arc-en-ciel. Pieds nus, une robe longue sans manches, danse. Passage. Dans les couloirs, tâche de couleurs, rires. Jonquille.

la fin de cette semaine ainsi que la suivante se présentent très remplies, et après c'est les vacances et je n'aurais pas internet pendant deux semaines. tant qu'à faire, déplacez ma fiche je n'sais où, je la remplirais à mon rythme en rentrant, et quand ce sera fait j'enverrais un mp à qui de droit ; n'est-ce pas plus simple ?